L'ALPSMAN 2019 DE BEN

@ben.boyrs :

 

Mesdames, Messieurs,

Toi qui me lit quelque part,

Aujourd’hui je vais te raconter un rêve, mon rêve. Ce rêve n’est pas tout beau. Il n’est ni évident, ni extraordinaire. Il n’est pas sans sacrifice, ni sans choix difficile. Mais ce rêve a pris vie.

Il y a 9 mois je me lançais dans l’aventure folle de l’Ironman, pas n’importe lequel. Je m’inscrivais à l’Alpsman, un des plus dure triathlon XXL de France. Une épreuve dans laquelle beaucoup ne finissent pas et encore moins passent le « tournant » pour terminer TOP finisher. Et là où certains dirons que je me jetais dans une course infernale par pure prétention, je voyais beaucoup plus que cela. Pendant 9 mois j’ai fait le choix de ne pas prendre de coach. J’ai étudier mon corps, sa façon de fonctionner, de récupérer, de s’améliorer. J’ai appris à l’écouter et à jouer avec mes sensations. J’ai planifié une saison entière, rigoureusement, en ne laissant que très peu de place au hasard et à la chance.

Et je me suis entraîné. Je me suis entraîné dans la joie, dans la douleur, dans le partage, dans le vent, dans la nuit, dans la solitude, sous le couché du soleil, sous la pluie, sous la neige.. Je me suis entraîné sans jamais abandonner car la course que je préparais ne m’en laissait pas le choix. J’ai arrêté l’alcool pour améliorer ma recup, je ne sortais plus le Samedi pour aller m’entraîner tôt le lendemain matin. J’organisais mes déplacements, ma façon de penser, de dépenser mon argent, de vivre tout simplement, autour de cette préparation. Et bien que je fasse tout cela par passion, parfois ce fut long et difficile. Mais c’était le prix à payer.

Alors j’ai continué jusqu’au bout.

Et enfin, ce fut le jour J.

 

 

 

Il est 4h10 du matin et l’air est frais. J’ai déposé mon vélo, mes sacs et mes caisses de transitions à leur emplacement respectif. Tout est en place. J’ai un sac avec le nécessaire pour nager que j’ai récupéré à la dernière minute auprès de ma sœur. Ce genre de petit oublie qui font monter le cœur et l’adrénaline mais qui se finissent toujours bien.

Je me dirige vers le Libellule, emblématique bateau d’Annecy, qui illumine déjà les eaux sombres du lac. Je rentre et trouve une place assise au milieu des 300 triathletes déjà à bord. J’engage la discussion avec mon voisin, l’attente va être longue.

Le temps passe vite finalement et le départ est annoncé dans 10 min. Tout le monde se précipite pour enfiler sa combi mais j’attends immobile. Puis elle arrive. Une superbe musique épique raisonne dans tout le bateau. Elle rythme les battements de mon cœur. Je me place face à la baie vitré et j’observe le jour qui s’apprête à se lever. Je repense à tout. Voilà, j’y suis. Dans 2 min je vais sauter dans l’eau froid du lac et partir pour 1 journée d’effort. Je n’ai plus de stress. A quoi bon ? C’est trop tard. Je suis transporté par un élan d’émotion. J’ai envie de crier, de pleurer, de rire et je savoure ce moment, mon moment.

Mais il est temps d’y aller, j’enfile la combi, et me jette à l’eau. Une marrée de bonnet fleurisse sur le lac, éclairé par les premières lueurs du jour. Le départ est donné et je pars à mon rythme. Je nage bien, je pense économie mais je me fais plaisir. A chaque respiration un paysage incroyable me pousse à profiter. L’heure passe en 5 min et je sors de l’eau en 57’ à la 13eme place.

 

 

 

J’enfourche mon vélo et c’est parti pour 8h ! Je pars à mon rythme car le parcours commence par l’ascension du Semnoz (1300D+). A quelques centaines de mètres du sommet je me fais doubler par le dossard 1, vainqueur de l’Alpsman 2018. Incroyable. 3 heures plus tard je m’arrête à un ravito où l’on m’annonce que la tête de course est à 10’. Impensable. Je leur répond que ça ne m’intéresse guère et que c’est la queue de la course qui me préoccupe plus.. Après 6h de course je suis encore 15eme, je n’en reviens pas. L’ascension du col des Près me met un coup. Les 3 km à 9% de moyennes me rappellent que la course est loin d’être terminée. Certain moments sont dures, très dures, mais le combats mental n’est pas excessif et j’arrive a profiter. Je m’écoute et je relâche quand c’est nécessaire. Je termine le vélo en 37ème position. C’est une performance incroyable pour moi. Jamais je n’aurais imaginé cela.

Au moment de courir j’ai l’impression ne plus avoir d’énergie. Pas de fringale, mais une envie de dormir. Mon corps et épuisé et me le dit, mais je ne l’écoute pas. Je m’élance pour les 25km qui me sépare de la cloche, du Graal. Je sais qu’une fois que la cloche aura sonnée, la course sera réussite, je serais un TOP finisher, j’irais jusqu’au bout. Je cours tranquille car j’ai de la marge. Quelque début de crampe au mollet me titille alors je suis prudent. Impossible de rater la cloche à cause de ça. Je marche quand c’est nécessaire. Je ne suis pas très fort mentalement, et le rythme s’écroule. Je suis cependant dans les temps. J’arrive à la cloche avec 15’ d’avance. Ma famille et mes amis me dévisagent. Tous impatients et inquiets. Mais je suis là. Je sonne cette foutu cloche. Celle pour laquelle je me suis battu pendant 9 mois.

Mais ce n’est pas finit.

 

 

 

Alors je rejoins mon frère qui m’accompagnera jusqu’au sommet du Semnoz durant ces 18 derniers km. Je n’ai plus la force de courir. Mais jambes se raidissent et il m’est impossible de repartir. Même marcher devient difficile. Je pense au prochain ravito et je continue. Les discussions avec mon frère s’enchaînent entre deux pauses caca. Le temps défile et je m’approche doucement du sommet. Je croise pas mal de monde, on se félicite, on l’a fait, on est dans les TOP. L’ascension est longue, les derniers km sont raides. Mes jambes ont abandonné mais je continue de les traîner, une puis l’autre. La douleur est loin maintenant, c’est plutôt du vide que je ressent. Peu importe. Je sors finalement de la forêt pour voir apparaître les crêtes du sommet. Le soleil sera couché avant que j’arrive en haut, tempi. Je continue.

Et voilà le dernier km, la ligne d’arrivé se dessine au loin. J’entends les cris de mes supporters qui m’encouragent jusqu’au bout. Je me remet à courir pour les 100 derniers mètres. Je ne m’en pensais même plus capable mais à ce stade tout est boulversé. Les sensations sont brouillées, le cerveau est déconnecté. Je franchis la ligne dans un état second.

 

 

 

Là, au sommet de cette montagne, au début de la nuit, entouré d’être qui me sont chères, je suis devenu un Ironman. Je suis devenu un TOP finisher de l’Alpsman. J’ai mit un terme à une prepa de 9 mois. J’ai réussi. J’ai gagné mon combat. J’ai vécu mon rêve.

J’embrasse tout le monde avec émotions.

La lourde médaille noir de finisher pend autour de mon coup. C’est irréaliste, et pourtant.

Moi, Benjamin, jeune gamin de 21 ans, je suis allé au bout car il y a 9 mois j’ai osé rêvé grand.

Aujourd’hui, je crois que je message est clair. Il éclate comme une vérité absolue. Tellement évidente.

Ce soir là, j’ai appris quelque chose d’inoubliable.

Rien n’est impossible.

Alors ne nous refusons rien. Ne restons pas enfermé dans un cadre, souvent défini par la société qui nous entoure. Non. Nous sommes bien plus que cela. Au fond de nous tous réside une volonté. Une volonté bien plus forte que les barrières volatiles qui nous empêchent d’agir. N’attendons pas que l’on nous tende la main, agissons. Osons rêvez grand.

« Et tu vas faire quoi maintenant ? »

Continuer de poursuivre mes rêves.

Après cet événement qui a rythmé ma vie, j’ai ressenti un vide. L’impression d’un manque. Et alors que je pensais être lassé de tout cela, d’une épreuve aussi longue et exigeante, c’est tout l’inverse.

Aujourd’hui je bouillonne d’impatience.

Aujourd’hui je veux continuer de progresser, continuer de m’entraîner, continuer de profiter, continuer de partager.

Aujourd’hui je veux me fixer de nouveaux objectifs car ceux sont eux qui me font vivre.

Parce que cette putin de vie est magnifique.

Parce que j’ai la chance d’avoir un corps en bonne santé.

Alors je vais profiter à fond.

 

Retrouvez Benjamin Boyries sur INSTAGRAM afin de suivre la suite de ses exploits  : @ben.boyrs

 

Alpsman de Benjamin Boyries - résumé de course - triathlon long

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